Stress, harcèlement, comment réagir ?

••••••••••••••••••• Réduire le stress en milieu du travail : que doit faire un employeur ?
Les trois principes de base :
Y penser !
En parler avec les salariés et leurs représentants ;
En parler avec le médecin du travail.
L’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la santé mentale et physique de son personnel. Voici quelques pistes à suivre pour contribuer à réduire le stress :
Revoir les tâches de façon à ce qu’elles soient raisonnablement exigeantes ;
Fournir aux travailleurs des tâches variées ;
Faire participer les salariés aux décisions ;
Former les salariés tout au long de leur vie ;
Reconnaître le travail de leurs équipes ;
Redonner du sens au travail des collaborateurs ;
Favoriser la communication des salariés entre eux et avec la hiérarchie et stimuler le travail d’équipe ;
Solliciter le concours des acteurs de la prévention interne et externe à l’entreprise (médecin du travail, inspecteur du travail…) ;
Faire appel éventuellement à des prestataires extérieurs (bureau de conseil…) qui établiront un diagnostic précis de la situation.
Trop souvent, c’est au niveau de la solution que s’insinue la vision patronale avec, par exemple, la proposition d’offrir un « coach » personnel. Cette pratique permet, en fait, d’instiller le message de l’entreprise dans le psychisme des personnes fragilisées et de renforcer l’individualisme dans lequel sont englués les salariés. « La force est en toi » est un message subliminal particulièrement efficace pour manipuler les personnes, pour leur faire admettre qu’ils sont responsables et coupables de la situation, qu’ils n’ont aucun salut dans quelque forme d’action collective que ce soit, et a fortiori syndicale !Ne restez pas isolé et ne culpabilisez pas
Le stress vient souvent d’un manque de dialogue dans l’entreprise qui aboutit à l’isolement des personnes. Il faut donc en parler, mais pas n’importe comment ni à n’importe qui. Adressez-vous à des personnes de confiance (réseau d’amis, famille…) afin de pouvoir prendre de la distance et réfléchir à la meilleure défense. Il peut être utile d’en parler à des personnes dont c’est le métier et qui saurons vous soutenir.
Faut-il en parler à ses collègues ou à son supérieur ?

C’est beaucoup plus délicat. « On peut vite être considéré comme un faible, un looser ou quelqu’un qui ne supporte pas la pression. Néanmoins chaque entreprise est différente, son ambiance, la confiance que l’on peut avoir dans le management… C’est au regard de tous ces paramètres que l’on peut ou pas prendre le risque d’en parler librement avec son n+1 » 
(Bernard Salengro, Newzy, mars 2008)
Les personnes stressées ont tendance à culpabiliser. Souvent, elles pensent qu’elles n’ont pas été à la hauteur et que c’est elles qui ne vont pas bien. C’est faux ! Ne culpabilisez pas ! Vous êtes stressé ? Ce n’est pas de votre faute, c’est l’entreprise qui est responsable du manque de dialogue et qui ne sait pas gérer son capital humain.
Les solutions individuelles ne sont utiles que dans un premier temps. Elles doivent s’accompagner d’une démarche globale et collective de prévention.
Rassemblez des preuves
Si vous êtes harcelé, vous devez être en mesure d’apporter des preuves qui montrent des agissements répétés et une dégradation de vos conditions de travail.
Demandez aux témoins présents dans l’entreprise de vous apporter des témoignages s’ils sont disposés à le faire. Il est possible que vous ayez du mal à en obtenir. N’oubliez pas que vos collègues se mettent eux mêmes en danger en apportant leur témoignage. Outre les témoignages, les preuves peuvent être des courriers, des e-mails qui montrent des consignes contradictoires, un manque de consignes, des tâches dépourvues de sens, des critiques répétées, des insultes, des humiliations, une privation ou un surcroît de travail… Les enregistrements ne sont pas considérés comme des preuves valables.
Si vous êtes harcelé par des collègues, parlez-en à vos supérieurs. S’il ne se passe rien, faites un courrier recommandé avec accusé de réception à votre direction en décrivant les exactions dont vous êtes victime et en rappelant à votre employeur qu’en vertu de l’Article L.122-51 du code du travail, il appartient au chef d’entreprise de prendre toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissement visés à l’article L.122-49.

Attention : les procédures pour harcèlement sont longues et il est souvent très difficile de prouver les faits. Les taux de réussite sont très faibles, c’est pourquoi nous vous recommandons d’éviter dans des batailles juridiques inutiles et éprouvantes.

Demandez à voir votre médecin du travail
Le rôle du médecin du travail est d’améliorer globalement les conditions de travail, notamment en ce qui concerne l’appréciation de la charge mentale et l’organisation du travail. Il doit protéger les salariés contre les nuisances. La loi stipule qu’il doit: « éviter l’altération de la santé du fait du travail ». Il en a les moyens puisque ses avis doivent être pris en compte par le chef d’entreprise. Une fois ces préconisations émises le chef d’entreprise ne peut plus prétendre  ignorer la situation, ce qui peut le mener face à la justice.
Que peut faire le médecin du travail face à un salarié stressé ?
Son premier rôle sera de vous écouter, il vous demandera de lui faire part de votre situation. Il pourra ensuite intervenir en votre faveur (toujours sous couvert d’anonymat) pour proposer à votre employeur des aménagements voire des changements de postes. Le médecin du travail est bien sûr tenu au secret médical.
Il pourra adresser un courrier à votre médecin traitant, qui, le cas échéant, vous prescrira un arrêt de travail.

Dans les cas extrêmes vous pourrez lui demander une fiche d’inaptitude lorsque la situation devient intenable et qu’il n’y a pas d’autres solutions pour éviter la démission qui sort de la situation mais entraîne la perte des droits qui l’accompagnent.
Les médecins du travail ont un rôle clé. Plus les salariés s’adresseront à eux, plus il sera en mesure de protéger leur santé.
N’hésitez donc pas à le contacter !

Dois-je me rendre chez mon médecin traitant ?
Oui, bien entendu, votre médecin traitant pourra, s’il l’estime nécessaire, vous prescrire des tranquillisants, un arrêt de travail et vérifier votre état général, mais comme nous l’avons déjà signalé, c’est le médecin du travail qui reste l’interlocuteur incontournable.

Allez voir votre délégué syndical
Le délégué syndical de votre entreprise est à votre disposition. Il saura vous écouter et intervenir. L’échange à l’intérieur de la section syndicale permet souvent de se rendre compte que l’on n’est pas seul et que l’on n’est pas fautif, mais soumis à de mauvaises conditions de travail.
Le délégué syndical connaît votre entreprise puisqu’il y travaille et sera à même d’évaluer la situation. De plus, « parler du stress au travail, c’est parler de l’organisation, c’est remettre en cause l’organisation même de l’entreprise génératrice de pression. Et pour pouvoir sire cela librement, il vaut mieux être protégé par la loi. Le délégué syndical bénéficie justement de cette protection juridique. » (Bernard Salengro, Newzy, mars 2008)

Au sein du CSE, le rôle de  la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) est de contribuer à la protection de la santé et de la sécurité des salariés et à l’amélioration de leurs conditions de travail. Elle peut diagnostiquer les situations à risque et planifier une politique de prévention active. Il ne faut donc pas hésiter à y faire appel par intermédiaire de votre délégué syndical.
Initiative du délégué syndical : Faites circuler un questionnaire « stress »

Si vous le souhaitez, afin d’étayer votre argumentaire, et dans le cadre d’une démarche collective, vous pouvez diffuser un questionnaire stress*. Comment ? C’est simple !
– Reprenez les questions de notre baromètre stress ;
– Diffusez-le au sein de votre entreprise en garantissant l’anonymat des réponses ;
– Comparez vos réponses à celles de notre dernier baromètre ;
* Confiez vos résultats au CSE /CSSCT.
Le questionnaire vous permettra, entre autres, d’identifier quels sont les services ou les métiers les plus sensibles aux risques psychosociaux. * l’échantillon idéal est de 100 personnes
En dernier recours, la fuite…
Si malgré tout vous n’arrivez pas surmonter la situation, le médecin du travail pourra, après enquête, et avec votre accord, vous déclarer inapte au travail. Votre employeur sera alors obligé de vous reclasser dans l’entreprise à autre poste ou dans un autre service par exemple…  Si cela ne lui est pas possible, il procédera à votre licenciement.
S’il refuse de vous licencier, vous faudra démissionner, mais dans ce cas vous ne pourrez pas bénéficier des allocations chômage. Néanmoins, n’oubliez pas dans ce cas, d’indiquer dans votre lettre de démission envoyée en recommandé avec accusé de réception de mentionner que vous êtes contraint de quitter l’entreprise parce que vous y êtes harcelé et que malgré de nombreuses alarmes à ce sujet, rien n’a été fait. Si vous avez des preuves, votre démission pourra éventuellement être requalifiée en licenciement par le conseil de prud’hommes.

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